Exposition du 2 au 28 novembre 2011
Bertrand Rigaux joue à sa manière de la notion de nature secondaire. Ses œuvres font subir à des fragments de paysage la mécanique propre d'une torsion narrative extra-réelle.
Le paysage, qui est un motif essentiel et récurrent de son travail mis en jeu dans sa construction/déconstruction se présente cette fois-ci sous deux formes de pièces de nature très différentes qui pourtant se répondent : un nouveau "paysage-machine" sous forme d'installation vidéo, comme système normatif de son invention, comme images-mouvements/force et substance, comme chose en soi abstraite à la réalité d'un lieu et d'une géographie ; et deux reproductions de gravures du 19e détournées qui semblent issues d'une collection, d'un "logos du paysage", comme signes d'une reconnaissance culturelle et d'un code esthétique dans la nature, d'une autre histoire que celle du temps.
Bertrand Rigaux présente également une boule de cristal percée d'un trou (qui permet d'insérer les images de propres divinations, de pouvoir forcer son destin ?), et sa carotte de voyance. Une double image vient à l'esprit : la trépanation était vue à des fins spirituelles comme un moyen de faire sortir les esprits malins qui occupaient un hôte / curiosité scientifique à dimension ésotérique, un carottage et son échantillon stratigraphiquement représentatif pour reconstituer une nature et une chronologie singulière.
Enfin, Lucarne, installation vidéo dont le « héros beckettien » est un nuage, tournent littéralement en boucle et pourtant ne tournent pas rond. Le temps de ces chimères composites n'est plus objectif. Un monde de paysages-machines se révèlent, comme autant de métronomes qui réinventent leur nature et leur unité de temps : une seconde hybride. Dans l'univers de Bertrand Rigaux , la 4e dimension d'une nature secondaire secondaire.
Luc Jeand'heur
Bertrand Rigaux est représenté par la galerie Isabelle Gounod à Paris.