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Benjamin Saint-Maxent
Goldfarmer

Projet lauréat du LaboHO#9
Exposition du 21 octobre au 12 novembre 2016

Le projet Goldfarmer est né d'un croisement entre l'ouvrage L'Enfer du pacifique d'Edmond Demaître écrit en 1935 et le phénomène de détournement à des fins lucratives de la pratique du farming*.

Le premier est un livre qui raconte les aventures de l'auteur en Nouvelle-Guinée aux cotés des chercheurs d'or et des indigènes de Papouasie à la fin du 19ème siècle. On peut y lire avec précision les rapports de pouvoir et d'argent et la tragédie humaine qu'a engendré l'arrivée de la modernité et de l'industrie à grande échelle sur les territoires sauvages des différentes minorités jusqu'alors présentes.

Tandis que le farming fait référence aux nouveaux chercheurs d'or que sont aujourd'hui les joueurs de jeux vidéo en réseau qui utilisent cette pratique comme un véritable travail et se rémunèrent par la revente d'argent virtuel en échange d'argent véritable via des sites d'enchères dédiés. Ces joueurs, qui sont à l'origine de la mutation du métier de chercheur d'or, ont tout de même conservé l'initiative de l'exploration et ont su créer une richesse à partir d'un savoir-faire, d'un environnement contextuel et d'une matière vernaculaire.

Autrefois, on traversait des contrées lointaines et inexplorées à la recherche d'un gisement, et aujourd'hui on traverse ces mêmes paysages, fantaisistes et exotiques, mais virtualisés. Goldfarmer prend cette observation comme point de départ et source de production. Prenant place au sein d'une librairie, le projet, contextuel, s'appuie sur la réédition de L’Enfer du pacifique (qui n'est plus exploité aujourd'hui) dans lequel les photographies d'origines ont été remplacées par des screenshots de paysages de jeux vidéo.

Autour de cet élément qui symbolise la réunification de ces deux mondes, gravitent également un ensemble de formes s'inspirant de cette rencontre qui se joue des différentes postures et fonctions du lieu, entre espace d'art et espace commercial. Œuvres manipulables, monnaie dévalorisée, sortie littéraire et monde renversé sont autant d'images qui ont été sculptées, ici, pour proposer au public/client de s'interroger sur des questions d'économie nouvelle et de pratiques collaboratives et globalisées.

L'installation Goldfarmer aborde ainsi des questions de dématérialisation de l'image, de la perte des pratiques artisanales traditionnelles et de la reproduction de la nature; où le fond bleu vient souligner la fiction que deviennent aujourd'hui les minorités. Plus ouvertement, il s'agit d'une réflexion autour de la définition de l'explorateur au 21ème siècle et de l'actuelle mutation de l’exploration du réel vers le virtuel.

*Le farming est, dans un jeu vidéo (souvent massivement multijoueur), la pratique qui consiste à passer la plupart du temps de jeu à récolter de l'argent, des objets, ou de l'expérience en répétant sans cesse les mêmes actions, en visitant les mêmes donjons ou en tuant le même groupe de monstres dans le but de s'enrichir/monter en niveau rapidement. (Définition Wikipédia)
Ce projet, ainsi que sa publication, est dédié à Max aka Shariff, qui m'a fait découvrir le farming et l'univers des geeks il y a bien longtemps.

www.bensaintmaxent.com